"C’est important pour moi de consommer et fabriquer de façon éco-responsable"
Portait de Lou Saint-Cyr, artiste créatrice entre tradition et modernité
Bonjour belle Lou, ravie de pouvoir te découvrir un peu plus ! Nous nous sommes croisées lors du salon Femin’Art à Toulon. Tu présentais quelques-unes de tes créations et j’ai immédiatement été séduite par ta démarche à la fois éthique, artistique et très moderne.

Peux-tu nous en dire plus sur toi, ton parcours et sur ton art ?
Depuis que j’ai su tenir un crayon, j’ai toujours dessiné, je créais des princesses et petit à petit, je faisais des looks, puis du mobilier, des intérieurs. Je voulais être styliste et ensuite architecte d’intérieur.
Quand j’avais visité les portes ouvertes des écoles de design, j’ai su que je désirais rentrer dans une de ces écoles. J’avais tenté de rentrer en section design à l’école Boulle, mais ils ne m’ont pas accepté. Et c’est à la deuxième tentative, en métiers d’arts, que j’ai réussi à intégrer l’école.
Je suis restée six ans et on a du mal à la quitter, car cela devient une grande famille. J’ai obtenu un Diplôme des métiers d’arts de l’habitat en Tapisserie décoration et une année supplémentaire en Design et expérimentations.
Mes sources d’inspiration sont l’Art Déco, le minimalisme du Bahaus, j’aime également l’art musulman, les moucharabiehs ou les mosaïques se reflètent dans mes créations. J’aime que ce soit ordonné, mais complexe dans le motif, une ambivalence qu’on retrouve dans mon caractère également, je suis Bélier ascendant Scorpion, les fanas d’astrologie comprendront ce que je veux dire !
Qu’est-ce qui te séduit dans l’idée d’utiliser des matières biosourcées ?
C’est important pour moi de consommer et fabriquer de façon écoresponsable.
Ma mère m’a éduquée à prendre soin de soi et de sa planète en utilisant ce que la nature nous a donné. Je l’accompagnais même pendant des stages d’aromathérapie où l’on récoltait la lavande pour la transformer en huile essentielle.
C’est durant ma dernière année à l’école, où je développais ma marque, qu’il m’a paru évident d’utiliser des matériaux bio-dégradables et locaux.
Dans mes recherches, j’ai découvert des matériaux recyclés et bio-sourcés.
Comme j’utilisais l’impression 3D comme procédé de fabrication, j’ai approfondi ma quête de filaments d’impression 3D bio-sourcés.
C’était le démarrage de la tendance du upcycling donc il y avait peu de produits développés. J’utilisais déjà des filaments d’impression 3D en amidon de maïs, le PLA, mais je souhaitais trouver un fil qui soit flexible comme mes expérimentations étaient tournées vers le textile.
J’ai découvert un filament d’impression en poudre de coquilles d’huîtres fabriqué en Bretagne, flexible, biodégradable, en compost industriel et sans perturbateur endocrinien. L’istroflex développé par Nanovia était ma pépite. Je l’utilise toujours autant aujourd’hui et je varie avec des filaments à base de fibres de lin, bambou, algues, chanvre, coquillages ou de fils recyclés.

Ce qui est très original et intéressant dans ce que tu proposes, c’est cette rencontre entre 2 techniques, celle de l’impression 3D et la tapisserie d’ameublement, plus traditionnelle. Qu’est-ce qui t’a donné l’idée de mixer les 2 ?
Durant ma dernière année de diplôme des métiers d’art, nous avions un thème imposé, “Rencontre”, j’ai développé un mémoire sur la rencontre des techniques traditionnelles et de la technologie numérique. Associer le savoir-faire des métiers d’art et les nouvelles technologies était important pour moi. Mon école m’a transmis la passion du métier manuel et j’ai toujours été fascinée par l’innovation.
J’avais découvert l’impression 3D dans mon atelier grâce à mon professeur de tapisserie M.Laurent Lainé qui avait apporté une imprimante 3D. J’avais d’abord réalisé un piètement pour la confection d’un fauteuil, et comme cela m’a passionné, j’ai voulu créer pour mon diplôme un siège imprimé. J’ai donc conçu et fabriqué un fauteuil avec une structure en bois massif, les jonctions étaient en PLA et le sanglage et le textile étaient imprimés et tissés en filament flexible.
As-tu une préférence entre les 2 ?
Difficile à dire, j’ai certes plus d’admiration pour l’impression 3D car on peut créer à l’infini , mais je suis attaché aux métiers d’art, il faut les conserver. Justement, en les associant au design, on donne un nouveau souffle à des métiers qui, pour certains, sont en voie d’extinction.
Dans mon mémoire, j’évoquais le fait que les nouvelles technologies pouvaient “repousser” les consommateurs à cause de leur aspect trop “futuriste”. Il fallait donc rassurer en ajoutant un savoir-faire, des matériaux que l’on connaît déjà.
Est-ce qu’elles font appel aux mêmes talents et compétences ?
Non bien sûr, la tapisserie d’ameublement s’acquiert par l’expérience, on dit qu’il faut dix ans pour être un bon tapissier. L’impression 3D peut s’apprendre en autodidacte, il faut beaucoup de patience, pour apprendre à modéliser en 3D et faire face aux problèmes techniques de la machine.
Dans les différentes étapes de ton travail, qu’elle est celle qui te plaît le plus ? Faire naître l’idée, la concevoir… ?
L’idée, c’est une chose, mais la concrétiser est plus intéressant. J’aime les challenges et concevoir avec tous les problèmes qui surviennent pendant le prototypage, c’est ce qui me plaît le plus.
Où trouves-tu tes sources d’inspiration ?
Je trouve mes sources d’inspiration dans la nature, l’architecture et dans des graphismes existants. Par exemple, je suis passionnée par la dentelle, sa finesse, ses motifs réguliers ou non, je dis parfois que je fais de la dentelle 3D.
As-tu des créateurs qui t’inspirent plus que d’autres ?
Oui, j’adore Nicky de St-Phalles, Sonia Dellaunay, Alexander Mc Queen, Jean-Paul Gautier, Chanel, leur tweed me fascine. Les frères Bouroullec, Constance Guisset et Iris Van Herpen.
Est-ce que tu es quelqu’un d’exigeante avec toi-même, du style à ne jamais être satisfaite de tes créations ?
Je suis exigeante avec moi-même, mais j’arrive à être satisfaite de ce que je produis, aussitôt que j’ai fini un objet, je veux en créer un autre.
Qu’est-ce qui te comble le plus dans ton activité ?
Créer et voir la satisfaction dans les yeux des gens qui achètent mes produits.
Quel est ton rêve absolu ?
Mon rêve serait d’avoir ma boutique-atelier et faire des projets à grande échelle pour des architectes.

Tu es jeune, tu as rejoint la tribu, c’est quoi pour toi une femme de sa vie ?
La femme de sa vie, c’est celle qui prend en main son avenir, son quotidien, qui assume ses choix et met tout en œuvre pour accomplir ses rêves.
Penses-tu qu’on peut l’être à tout âge ?
Oui, on est femme à tout âge, on le devient quand on est prête et on peut à tout moment aussi redevenir une enfant.
Quel est ton moteur aujourd’hui ?
Ma famille et moi-même.
Aimerais-tu inspirer à ton tour d’autres personnes ?
Oui, ce serait un honneur.
Un grand merci Lou pour ton sourire, ton dynamisme, pour ta créativité. On peut retrouver tes créations sur notre site. Nous avons une envie commune de développer une gamme déco. Alors, nous allons avancer ensemble sur ce chemin, tout en proposant aussi des créations d’accessoires originaux, et on te retrouvera aussi sur nos événements. On apprendra avec toi à exprimer notre créativité.
Retrouvez vite les créations JSLFDMV de Lou sur notre marché en ligne . Nous avons travaillé ensemble, avec Julien Rambaud notre designer et Christine David notre autre belle créatrice, sur une gamme exclusive à nos couleurs.
Découvrez les pièces exclusives de Lou sur sa propre boutique @tree-textile-3D.
Vous pourrez également créer vos propres bijoux en 3D lors de nos ateliers créatifs. Et au fait Lou danse aussi et on a envie de vous retrouver pour tester le hip hop, alors restez connectés.
À très vite…
Crédit photo Studio Polidori